eSe réconcilier avec son corps et avec la nourriture n’est pas simple, surtout quand on a été en guerre avec eux pendant plusieurs années. C’est pour ça que j’ai voulu écrire cette lettre où je t’explique les étapes qui m’ont aidées à sortir de mes troubles du comportement alimentaire.
Ce qui suit n’est pas un avis médical, simplement un partage d’expérience et de ce qui m’a personnellement aidé.
Dis-moi, comment est ta relation avec ton corps? Avec la nourriture?
Si tu penses que tu peux (ou que tu devrais) l’améliorer, t’es pas seule.
Malgré que ce soit un problème très commun chez les femmes c’est quasi automatique de se sentir seule quand on est confrontée à un corps qu’on n’aime pas ou qu’on arrive pas à contrôler.
Comme je l’ai dit dans la lettre précédente, si t’es une femme, il y a de fortes chances pour que tu te sois déjà sentie mal dans ton corps, que t’aies fait des régimes, que t’aies banni certains aliments ou groupe d’aliments de tes repas, que tu te sois mis au sport juste pour perdre du poids.
T’as peut-être suivi ce genre d’actions parce que c’est ce qu’on t’a dit que tu devais faire ou pour atteindre un corps que tu pensais que tu devais avoir. La société nous fait croire que notre corps n’est pas beau, qu’il devrait être plus mince, qu’il devrait faire une certaine taille, qu’on doit perdre du poids pour l’été – le fameux bikini body.
Et qu’on s’entende, il y a rien de mal à vouloir perdre du poids si ça se fait à partir de l’amour pour soi, si on le fait parce qu’on veut être en meilleure santé, si on veut se sentir mieux.
Mais il y a beaucoup de cas ou cette envie de maigrir vient de la haine envers son corps, du besoin de contrôle, des pressions externes.
Je sais très bien de quoi je parle, parce que j’ai moi-même commencé à vouloir perdre du poids très jeune parce que je pensais que c’est ce que je devais faire en tant que femme (fille en ces temps là).
Comment on en arrive là – mon expérience
Pour le contexte, j’ai toujours eu un poids normal – j’ai jamais été en sous-poids ou en surpoids mais même comme ça, j’ai depuis longtemps eu la croyance que je devais être plus fine, peser moins et mettre la taille de pantalon la plus petite possible.
C’est dans les débuts d’Instagram que j’ai commencé à découvrir la pratique du bodybuilding chez les femmes (c’était le boom aux USA en ces temps-là) et où je suis tombée amoureuse de ce à quoi ressemble un corps de femme musclé.
Donc forcément, en voyant ça, je me suis dit “moi aussi je veux être comme ça”. C’est ce qui m’a amené à commencer le fitness en 2015 tout en prenant comme modèles ces femmes aux physiques incroyables.
Mon feed était donc rempli de “fitgirls” qui faisaient des concours de bikini et qui étaient donc ultra sèches pour qu’on voit leur muscles.
Je regardais aussi les vlogs de certaines de ces personnes pour suivre ce qu’elles mangeaient, ce qu’elles ne mangeaient pas, comment elles s’entrainaient – tout ça pour faire un copier-coller et espérer avoir le même corps qu’elles.
Grosse erreur.
Avec mes peu de connaissances en nutrition et en santé, reproduire ce que d’autres femmes faisaient pour se préparer à leur compétition a inévitablement détruit ma relation avec la nourriture et avec mon corps.
J’ai commencé à croire qu’un corps fit était un corps où les abdos sont visibles.
J’ai commencé à croire que pour être fit, je devais manger du poulet et du brocoli, sans sauces et sans pâtes, ni pain.
J’ai commencé à croire que je ne pouvais manger des repas qui me faisaient plaisir qu’une seule fois par semaine.
J’ai commencé à croire que tout ce que je mangeais en trop, je devais le brûler en faisant du cardio.
J’ai commencé à croire que pour perdre du poids, je devais compter mes calories.
Toutes ces croyances venaient de la peur, du contrôle, de la restriction.
Aujourd’hui, je crois tout le contraire des quelques croyances que j’ai citées là – mais j’ai vécu avec elles pendant facile 3 à 4 ans avec des phases où mon état physique et mental était plus ou moins stable.
Je vais te raconter comment j’ai réussi à me réconcilier avec mon corps mais aussi le processus étape par étape que je suivrais aujourd’hui (sur la base de mes connaissances actuelles).
Ma guérison
Etape 1 : La prise de conscience
Ma guérison a commencé le jour où je suis tombée sur une vidéo d’une femme qui parlait des troubles du comportements alimentaires. De ce que je me souviens, elle racontait son expérience en lien avec l’industrie du fitness.
Cette vidéo a eu l’effet d’une bombe.
Je comprenais enfin que ce que je vivais n’était pas normal. Que le contrôle et la restriction que je m’imposais n’étaient pas un signe de discipline, mais de maladie. Et que je ne devais pas passer les restants de ma vie dans cet état merdique.
À partir de là, j’ai commencé à faire mes recherches pour essayer de trouver quelles étaient les causes de cette maladie (parce que quand t’es dedans, c’est difficile de faire les liens).
Ça parait évident maintenant : la source était ce que je voyais tous les jours sur Instagram et le contrôle que j’essayais d’avoir sur la nourriture et mon poids.
Etape 2 : Les premières actions
Même si je savais pas si j’allais en être capable, j’avais envie de me sortir.
J’ai donc décidé de prendre des actions sur ce qui causait mon état, à savoir :
- Me désabonner de tous les comptes Insta de femmes aux corps que je considérais comme “parfaits”
- Supprimer l’application qui m’aidait à compter mes calories
- Me peser tous les jours
Ces actions m’ont permis de me détacher de ce à quoi mon corps “devait” ressembler, d’arrêter de me mettre la pression et d’arrêter de laisser un chiffre me dicter ce que je devais manger.
Je dis ça comme si ça s’est fait du jour au lendemain, mais ça s’est fait sur plusieurs mois, peut-être même plusieurs années. Il y a plein de fois où j’ai recommencé à compter mes calories, à suivre des comptes pour “me motiver” ou à me peser parce que je sentais que je perdais le contrôle.
Etape 3 : L’improvisation
J’aurais voulu te dire qu’à partir de là, tout s’est bien passé et que j’ai commencé à aimer mon corps comme par magie.
J’étais perdue. Je savais pas ce que je faisais. J’avais peur. J’avais envie de retourner dans le contrôle parce que c’était ce que je connaissais.
Mais je crois que la volonté de guérir était au bout d’un moment plus forte que celle de potentiellement prendre du poids. C’est ce qui m’a permis de continuer, de faire confiance à mon corps et de faire ce qui me faisait du bien (qui était en gros tout le contraire de ce que je faisais avant).
Une partie de moi est reconnaissante d’avoir traversé tout ça parce que maintenant, je suis en mesure d’aider les personnes qui sont dans cette situation.
Voilà donc ce que je ferais aujourd’hui sur la base de mon expérience, des leçons retirées et de mes connaissances (qui ont bien évoluées depuis).
Comment se réconcilier avec son corps et la nourriture
1. Identifier tes comportements et croyances limitantes
Si tu sais que ta relation avec ton corps et la nourriture sont à améliorer, commence par identifier tes croyances – ce que tu penses que tu devrais faire et ce que tu fais qui ne se sent pas bien.
Souvent, les limitations que tu t’imposes suivent les “je dois”.
Par exemple: “Je dois maigrir pour l’été” “Je dois manger 1600 calories par jour pour me sentir bien” “Je dois être plus disciplinée” “Je ne dois pas faire plus que 60kg”
2. Remettre en question ces croyances
Une fois identifiées, demande-toi si elles sont réellement objectives et d’où elles viennent.
Comment tu t’es mis d’accord sur ces chiffres?
Qui a décidé de ces objectifs, de ces règles?
Sur quoi tu te bases? Les réseaux sociaux? Tes parents? Tes amies?
Est-ce que ça s’aligne à comment tu veux te sentir en termes d’énergie, de santé, d’humeur?
Le point commun qu’ont les croyances limitantes, c’est qu’elles ne se sentent pas bien en nous et qu’elles viennent de l’extérieur. C’est des choses que les autres nous ont dit qu’il “faudrait” faire et qui pourtant se sentent si difficiles à atteindre.
3. Eliminer les croyances limitantes
L’étape qui suit est d’exterminer ces croyances.
La clé, c’est d’éliminer les actions, les situations et les environnements qui renforcent toutes ces croyances limitantes.
Ça peut être te désabonner de certains comptes, t’éloigner de certaines personnes ou encore supprimer une application qui te pousse à un certain comportement. Peu importe, fais-le.
4. Remplacer les croyances limitantes par des croyances d’expansion
Une fois que t’as pu te détacher (ne serait-ce qu’un peu) des croyances qui te limitent, l’objectif et de les remplacer par des croyances qui vont te faire du bien, qui vont te faire sentir capable.
Cette étape va te demander de faire des recherches, d’apprendre, de trouver des personnes qui ont la vie et les croyances que t’aimerais avoir.
Dans mon cas, ça a été de trouver des personnes qui étaient en bonne santé, qui avaient un corps qui me plaisait et qui mangeaient de tout – sans compter leurs calories et sans faire des heures de cardio.
Ça a aussi été de comprendre que mon cycle avait des besoins différents chaque semaine et que c’était donc absurde de le nourrir et d’avoir les mêmes attentes de lui chaque jour du moins.
C’est ce qui ça va te permettre de voir qu’il y a plein d’autres solutions et manière de faire disponibles.
5. Expérimenter les nouvelles croyances
Si d’autres personnes arrivent à atteindre les objectifs que tu veux atteindre ET d’une manière qui se sente bien, voire même facile? C’est que c’est aussi possible pour toi.
Maintenant que t’as définis tes nouvelles croyances, la dernière étape est de les essayer dans ta propre vie et de voir ce qui se passe – comme si t’étais dans un laboratoire à faire des expérimentations.
Écoute ton corps, porte attention à ton humeur, à ton énergie et trouve ce qui fonctionne pour toi en adaptant, en essayant de nouvelles choses.
Toujours en gardant en tête que si ça ne fonctionne pas, si ça te stresse, si ça cause de la résistance, c’est parce que ton corps essaie de te guider vers une meilleure manière de faire.
Exemple concret : Le chocolat
C’est donc comme ça que j’ai reprogrammé une croyance que j’ai eu pendant des année : “Je ne devrais pas manger de chocolat”.
J’avais entendu que “ça a trop de sucre”, “ça fait grossir”, “c’est malsain” et c’est donc ce que j’ai cru pendant longtemps alors que j’ai toujours été une grande fane de chocolat.
Je me suis privée de quelque chose que j’aimais juste parce qu’on m’avait dit que.
C’est pas trop triste de vivre comme ça quand même?!?
Donc après avoir identifié que “le chocolat, c’est pas bien” était une croyance limitante, j’ai décidé de la remplacer par “le chocolat contribue à ma santé”.
Parce que oui, le chocolat me rend heureuse ET ça a même des bienfaits sur la santé!
Avec cette nouvelle croyance en tête, il m’a fallu expérimenter pour trouver quel type de chocolat, quelles quantités et à quelle fréquence manger un bout de chocolat contribuait réellement à ma santé.
J’ai essayé plusieurs chocolats, plusieurs quantités et j’en ai conclu que mon équilibre se trouvait à manger un carré de chocolat à 85% après chaque repas.
Ça s’aligne avec le fait que j’aime le chocolat et que ça me fait plaisir. Ça s’aligne avec le fait que je veux me sentir bien physiquement et mentalement.
Je sais que si je mange la moitié d’une plaque de chocolat, je vais pas me sentir bien – je vais me sentir écoeurée, ma digestion ne va pas être au top, et si je le fais tous les jours, il y a des chances pour que ma santé se détériore et que je prenne du poids.
C’est tout!
Ce processus peut être appliqué pour n’importe quelle croyance qui te limite.
Suivre ces étapes m’a convaincu que :
- Je pouvais avoir le physique que je voulais tout en mangeant du chocolat tous les jours
- Manger plus et m’entraîner moins allait améliorer mon physique
- La nourriture n’était pas mon ennemie mais une aide pour atteindre mes objectifs.
Aujourd’hui, je me sens bien parce que j’ai écouté mon corps et parce que je lui ai fait confiance – même si ça faisait peur, même si parfois j’avais envie de retourner dans le contrôle parce que c’est ce que je connaissais, même si ça m’a demandé de fermer les yeux et de sauter dans le vide.
Et c’est aussi possible pour toi.
Parce que ton corps est intelligent. Ton corps sait. Ton corps a les réponses.
Ton corps est constamment en train de communiquer avec toi, alors la question que je veux que tu te poses aujourd’hui c’est : Que te dit ton corps?
Si t’as été déconnectée de ton corps pendant plusieurs mois, plusieurs années, peut-être que tu vas pas entendre de suite ce qu’il te dit.
C’est donc un bon exercice de te poser ces questions tous les jours – dès que tu te réveilles, après ton entrainement, après avoir mangé, à la fin de la journée, pour comprendre comment tu te sens et qu’est-ce que tu peux changer pour te sentir mieux.
J’espère de tout coeur que cette lettre t’aura aidée à avoir une nouvelle perspective et à voir ce qui est possible parce que je sais ce que c’est que de se sentir emprisonnée et totalement déconnectée de son corps.
Je n’ai rien de plus que toi et donc si j’ai réussi à m’en sortir et à arriver à un point où je suis bien dans mon corps, c’est que tu peux aussi le faire.
Tu es capable, je crois en toi🤍