Je crois qu’on peut se mettre d’accord sur le fait qu’en grandissant, personne ne nous a appris comment fonctionnent notre corps, notre cycle, nos hormones.
Pourtant, en tant que femmes, on a un cycle menstruel pendant la moitié de notre vie et si on sait pas comment il fonctionne, on passe des années à vivre dans l’inconnu, à ne pas comprendre pourquoi on a des douleurs, des changement d’humeur, de l’anxiété, de la fatigue, de l’acné… et on finit par détester notre corps.
Parce qu’il nous fait vivre des choses parfois assez difficiles, à priori sans raison.
Une société créée pour les hommes
Le problème qu’on a actuellement, c’est que la société dans laquelle on vit a été développée par et pour les hommes.
J’en ai déjà parlé dans un épisode de mon podcast, mais les hommes ont un cycle hormonal de 24 heures, ce qui correspond aussi au rythme circadien (qui est notre horloge interne et donc qui dicte notre rythme de sommeil et d’éveil durant 24 heures).
Un homme, il fonctionne tous les jours de la même manière et la journée type de notre quotidien est parfaitement adaptées aux hormones des hommes, plus particulièrement au cycle de la testostérone.
Pour faire simple :
1) On commence à travailler le matin quand les hommes ils ont leur pic de testosterone et ils sont pleins d’énergie.
2) On arrête de travailler l’après-midi quand le taux de testosterone descend et les hommes se sentent plus sociables — c’est le moment parfait pour aller boire un verre.
3) On termine notre journée au calme, devant notre tv, quand les hommes ont la testostérone au plus bas, ce qui les font se sentir plus calme et tranquilles.
Les hommes vont donc avoir les mêmes niveaux d’énergie, de productivité, de sociabilité, de faim chaque jour, aux mêmes heures de la journée (ou du moins des niveaux similaires parce que ça reste des humains).
Les femmes, en revanche, même si on a aussi un rythme circadien de 24 heures, notre cycle hormonal dure environ 28 jours.
Ce qui veut dire qu’on ne fonctionne PAS tous les jours de la même manière et qu’on aura PAS les mêmes niveaux d’énergie, de productivité, de sociabilité, de faim chaque jour.
Pourtant, on sait très bien qu’elles sont les attentes de la société et les attentes qu’on a envers nous-mêmes et notre corps : on essaie de fonctionner tous les jours de la même manière, on attend d’avoir la même quantité d’énergie, de motivation d’aller s’entrainer, d’envie de voir du monde tous les jours du mois.
Et quand c’est pas le cas (parce que c’est biologiquement pas possible pour nous) on se parle mal, on se rabaisse, on se force, on pousse notre corps à des limites… et devine quoi?
C’est là qu’on commence à déséquilibrer nos hormones parce qu’on ne répond pas aux besoins des différentes phases de notre cycle.
C’est là que naissent les douleurs, l’instabilité de l’humeur, l’acné, le syndrome prémenstruel et la seule solution qu’on nous donne, c’est soit de prendre des anti-douleurs, soit de prendre la pilule. Deux choses qui ne résolvent pas la source du problème qui est qu’on a jamais appris aux femmes à vivre selon les phases de leur cycle.
Avoir un cycle est un avantage
Avant qu’on entre dans le vive du sujet avec l’information pratique, je veux que tu prennes un moment pour réfléchir à toutes les fois où t’as eu des attentes envers ton corps qui n’ont pas été atteintes.
À toutes les fois où tu t’es sentie frustrée, déçue, énervée avec toi-même parce que t’as pas réussi à te lever à l’heure que tu voulais, parce que t’avais pas l’énergie d’aller t’entrainer, parce que t’as mangé plus que prévu.
Je veux que tu comprennes, que tu réalises, que tu dois pas t’en vouloir parce que c’est normal d’avoir des besoins qui varient.
C’est normal et c’est un avantage quand on sait comment ça fonctionne, même si on nous a fait croire toute notre vie qu’avoir des hormones qui fluctuent c’est un handicap.
Je répète : c’est un avantage parce que chaque phase du cycle met en avant certaines capacités et compétences qu’on va voir tout de suite après.
Les quatre phases du cycle sont souvent représentées et expliquées avec les quatre saisons de l’année et je suis sûre que tu peux trouver des points positifs, des avantages et des choses dont tu te réjouis pour chaque saison.
L’été on a le soleil, la mer, les activités qu’on peut faire dehors. En hiver on a la neige, les décorations de Noël, ce sentiment d’être cozy chez soi quand dehors il fait froid.
Avec le cycle féminin, c’est la même chose. Il faut juste apprendre à le connaitre et à comprendre quels sont les besoins de chaque phase pour pouvoir soutenir nos hormones et pouvoir profiter de chaque aspect positif que ça peut nous offrir tout au long du mois.
Les 4 phases du cycle
Petite précision : ton corps traverse toutes ces phases uniquement si tu n’es pas sous contraception hormonale.
Du moment où tu prends des hormones, ton cycle est mis sous standby et peut-être que tu ne dois pas expérimenter les côtés négatifs de certaines phases mais t’auras pas non plus accès à tous les aspects positifs de chaque phase.
Phase menstruelle
Le cycle commence donc le premier jour des règles — à savoir quand on doit commencer à utiliser des produits d’hygiène féminine
Je précise parce que parfois on a du spotting avant les règles, donc des petites tâches ici et là mais le cycle commence le jour où les vrais règles arrivent.
Pendant cette phase on a le potentiel d’avoir des douleurs de règles, de l’irritabilité, un manque d’énergie.
Il y a aussi des femmes qui se sentent bien durant leurs règles mais on va dire que c’est pas la majorité.
Donc durant cette phase, c’est important de ralentir, de prendre soin de soi, de se reposer suffisamment et de prendre le temps de réfléchir sur sa vie, sur ses objectifs, sur ce qui s’est passé le mois précédent, sur des décisions à prendre, sur les choses à changer.
Parce que pendant cette phase, les deux emisphères de notre cerveau sont plus connectées que jamais et on est particulièrement connectées et réceptives à notre intuition — ce qui est un super-pouvoir.
D’un point de vue physique, il y a des chances pour qu’on se sente fatiguée, qu’on ait pas la force de s’entrainer ou qu’on veuille faire de l’exercice plus doux, calme, voire pas du tout d’exercice.
C’est normal et si c’est comme ça que tu te sens, écoute ton corps et essaie pas de le pousser parce que ça t’apportera rien de bénéfique.
D’un point de vue des hormones, pendant cette période, on a les oestrogènes et la progestérone qui sont à un niveau très bas. C’est en fait la chute de ces deux hormones qui entrainent les règles.
Et c’est assez drôle parce que dans notre société on associe toujours les règles avec les hormones mais la réalité c’est que les règles est la phase où on a le taux d’hormones le plus bas.
Le taux d’hormones reste bas jusqu’à ce que les règles se terminent.
Phase folliculaire
Quand les règles se terminent, c’est la fin de la phase menstruelle et le début de la phase folliculaire.
L’arrivée de cette phase elle est accompagnée par l’hormone FSH qui va venir réveiller et titiller les follicules ovariens qui contiennent nos ovules — un peu pour les préparer et pour les pousser à se développer pour devenir l’heureux élu puisque c’est toujours un seul ovule qui va arriver à maturité.
Une fois que l’hormone FSH est stimulée, elle va ensuite inciter le taux d’oestrogènes à augmenter. La mission des oestrogènes est de former l’endomètre, qui est la muqueuse pour potentiellement y accueillir un bébé. Et s’il y a pas de fécondation, si t’es pas enceinte, alors cette muqueuse elle se décompose et elle sort de notre corps sous forme de règles.
Mais à part ça, les oestrogènes, c’est ce qui va te faire sentir à nouveau motivée durant ta phase folliculaire, c’est ce qui va te donner plus d’énergie, plus d’envie.
Les oestrogènes donnent aussi un boost à notre cerveau et à notre capacité de résoudre des problèmes, développer des stratégies et d’utiliser notre créativité.
C’est un moment idéal pour planifier, organiser le mois à venir et se concentrer sur de nouveaux projets. C’est vraiment cette énergie de printemps, de nouveau départ.
D’un point de vue physique, tu vas donc retrouver cette envie de bouger, de faire des choses, de t’entrainer, de faire plus de mouvement.
Une fois que les oestrogènes ils ont fait leur job, on a une autre hormone qui entre enjeu, la LH. Donc durant toute la phase folliculaire, on a nos ovules qui se développent, la LH c’est l’hormone qui va stimuler un ovule pour qu’il arrive à mutation et qui va lui dire : c’est le moment de sortir, c’est ton prime time.
Et c’est là qu’on arrive à la phase ovulatoire.
Phase ovulatoire
La phase ovulatoire on peut la reconnaitre à travers nos glaire cervicales. Pendant la phase précédante, la phase folliculaire, les glaires ou les pertes blanches elles ont une texture davantage crémeuse, davantage épaisses — comme de la crème pour le corps ou du yoghurt.
Quand l’ovulation arrive, les glaires elles commencent à devenir plus transparentes, plus élastiques, un peu comme du blanc d’oeuf. Quand on arrive sur le jour pile de l’ovulation, les glaires peuvent même être totalement liquides, comme de l’eau.
C’est là que les glaires elles sont de meilleure qualité parce qu’elles permettent au sperme de vivre pendant environ cinq jour et donc donner l’opportunité à un potentiel spermatozoïde de rencontre l’ovule.
Ce qui veut dire que avoir des glaires de cette texture est le signe qu’on est dans notre phase fertile et donc que si on a des rapports non protégés, on a des grandes chances de tomber enceinte.
C’est pas un hasard que pendant cette phase, on va se sentir particulièrement bien dans notre corps, on va avoir un peau glowy, on va se sentir particulièrement sociable.
Parce que qu’on cherche à tomber enceinte ou non, notre corps il va nous ‘’pousser’’ à concevoir durant cette période.
On va avoir envie de sortir, de voir du monde, on a nos capacités de communication qui sont bien plus élevées.
Donc c’est là le meilleur moment pour planifier tes sorties, des présentations orales, aller à des dates, parce que c’est ce que tes hormones veulent que tu fasses.
Une fois que l’ovulation elle est passée, et donc que notre ovule il a été lâché pour rencontrer un potentiel spermatozoïde, on entre dans la phase lutéale.
Phase lutéale
La phase lutéale, on peut la détecter en observant notre température.
Une fois que l’ovulation est passée, l’hormone progestérone va monter pour indiquer à notre corps de garder en place l’endomètre au cas où on doit accueillir un embryon, donc un futur bébé.
Si la température reste élevée de environ 0,5 degrés ou plus pendant trois jours, c’est la confirmation que l’ovulation est terminée et qu’il n’y a plus de risques de tomber enceinte.
C’est tout le principe de la symptothermie qui est la contraception naturelle que j’utilise personnellement. D’ailleurs, si ça t’intéresse, j’explique comment ça fonctionne dans cet épisode.
En symptothermie on a ce qu’on appelle la double confirmation :
1) On regarde si la température elle a bien augmenté et elle est restée haute pendant trois jours
2) On regarde si nos glaires cervicales sont à nouveau devenues plus épaisses, plus crémeuses voire plus sèches.
Une fois qu’on a ces deux facteurs qui sont remplis, on peut confirmer que l’ovulation est passée.
Donc non, on ne peut pas tomber enceinte tout le temps.
On nous a habituées à prendre la pilule tous les jours alors qu’on est seulement fertiles pendant environ sept jours ! Il faut juste apprendre à détecter quand ont lieu ces jours.
Pour préciser, c’est pas tous les mois exactement les mêmes jours.
Donc s’il te plait, ne te base pas sur les prédictions des application de suivi de cycle parce que c’est impossible de prédire sa période fertile.
On peut seulement confirmer la période d’ovulation quand elle est passée.
Donc la phase lutéale est divisée en deux parties :
La première partie, c’est un peu une extension de la phase ovulatoire où on va avoir de l’énergie, envie de voir du monde, etc.
La deuxième partie, on va voir notre énergie redescendre.
On va devenir plus introverties et c’est à nouveau pas un hasard parce que notre corps ne cherche pas à partir à la chasse, il cherche pas à ce qu’on tombe enceinte, donc il nous pousse un peu à se concentrer sur nous-mêmes.
Et dans le cas où on est tombée enceinte, c’est la manière qu’a notre corps de nous dire que c’est le moment de ralentir, de se protéger et de créer une niche pour ce bébé qui va se développer.
Dans cette période, on va donc être super productives, concentrées, contrairement à la phase ovulatoire où on est un peu tête en l’aire, ou on voit beaucoup de monde et on fait beaucoup de choses.
La phase lutéale est idéale pour terminer des projets et pour travailler sur des détails.
À ce moment-là de notre cycle, on a une perspective très très claire sur ce qui fonctionne dans notre vie et sur ce qui ne fonctionne pas.
Donc si au fil des cycles tu sens que pendant la phase lutéale t’es particulièrement soulée de certaines relations, de ton job, de certains aspects de ta vie, essaie de comprendre pourquoi tu te sens comme ça plutôt que de donner la faute aux hormones et de considérer que tu peux rien faire.
Demande-toi ce que ton corps essaie de te communiquer.
C’est aussi pour ça que j’adore le fait d’écrire dans un journal et de noter à chaque fois dans quelle phase je me trouve parce que ça me permet de remarquer qu’est-ce qui revient à chaque fois.
D’un point de vue hormonal, une fois que l’ovulation elle est passée, on a cette espèce de poche qui est le follicule qui contenait l’ovule qui se transforme en une glande temporaire qui s’appelle le corps jaune. Le corps jaune est ce qui sécrète la progestérone.
La progestérone est un peu une feel-good hormone : elle nous protège de l’anxiété et elle nous fait nous sentir bien.
Elle est à son pic vers le milieu de la phase lutéale, et elle redescend, avec les oestrogènes, quand ton corps comprend qu’il y a pas eu de fécondation, donc que t’es pas enceinte.
C’est là qu’on a le potentiel d’expérimenter le syndrome prémenstruel : baisse d’énergie, besoin accru de dormir, santé mentale instable, douleurs au niveau de la poitrine, acné, auto-critique, etc.
Le syndrome prémenstruel, même s’il est très commun, il est pas normal.
Donc si tu souffres durant cette période de ton cycle, c’est le signe que t’as un déséquilibre hormonal — plus précisément, que t’as trop d’oestrogènes en rapport à la progestérone.
Soigner ses déséquilibres hormonaux
La bonne nouvelle, c’est que ces déséquilibres hormonaux ils peuvent être traités de manière totalement naturelle en adaptant notre style de vie en fonction de son cycle et de la variation d’hormones.
C’est exactement ce en quoi je suis désormais certifiée donc attend-toi à voir plein de contenu à ce sujet venant de ma part.
Si t’as des déséquilibres hormonaux, si t’as des symptômes gênants durant certaines phases, tu sais à quel point ça peut être débilitant, à quel point ça peut affecter tous les autres aspects de notre vie.
Et c’est pas comme ça que ça doit être.
La solution c’est pas de prendre des anti-douleurs, de prendre la pilule et de faire taire son corps. La solution c’est de l’écouter et de parler son langage.
T’as pu le voir à travers cet article qu’il se passe toujours quelque chose de fascinant dans notre corps, qu’on a des hormones qui travaillent pour nous et qui viennent avec des tas de bénéfices.
Mais qu’on a aussi des besoins très spécifiques et que si on respecte pas ces besoins comme on nous l’a appris à faire en fonctionnant tous les jours de la même manière, notre corps il se met en état de danger et il crée du stress.
Ce stress, il cause des déséquilibres hormonaux et du mal-être de manière générale. Et c’est ces déséquilibres hormonaux qui causent tous les inconforts qui sont liés à notre cycle.
Le problème c’est pas le cycle ou nos hormones.
Le problème c’est qu’on nous apprend pas comment ça fonctionne.
C’est un peu comme si à tes 18 ans on te mettait dans un voiture manuelle, sans avoir fait le permis et qu’on te dit : vas-y, conduis. Tu vas faire des dégâts et on va mettre la faute sur toi.
C’est exactement ce qui se passe quand on attend de nous qu’on soit toujours productives, sociables, créatives et de bonne humeur. C’est pas possible si on nous explique pas comment on fonctionne.
Une chose que je veux quand même préciser avec tout ce que j’ai dit jusqu’ici c’est que toutes les femmes sont capables tout au long du mois.
Elles peuvent être sociales, avoir des bonnes capacités de communication et être créative pendant toutes les phases du cycle.
Mais il y a ces fluctuations d’hormones qui servent comme boost, comme les champignons dans Mario Kart, qui te permettent d’être beaucoup plus efficace dans un domaine ou un autre, à certaines périodes plus que d’autres.
Mais si on a un déséquilibre hormonal, on va pas avoir accès à tous ces bénéfices parce que notre corps il est constamment sous stress et son objectif c’est simplement de survivre.
C’est pas dans cet état qu’on est dans notre pouvoir, c’est pas dans cet état qu’on va pouvoir suivre nos rêves et impacter le monde à notre manière.
J’espère de tout coeur que cet article t’aura aidé à comprendre ton corps et qu’il t’aura aussi redonné espoir, parce que encore une fois, c’est pas parce qu’on est des femmes qu’on doit souffrir.
Oublie jamais que tu es suffisante, tu es capable et tu peux faire tout ce que tu veux dans ce monde.